dimanche 10 mai 2015

Des souvenirs poignants de la libération du Bitcherland

Lors de la  soirée de  rencontre, de témoignages, les  témoins nous ont appris des faits inconnus du grand public. Ils étaient américains, bitcherlandais et allemands. 

Sur un très grand écran, Michel Klein a projeté durant toute la soirée un magnifique diaporama  de photos d’époque. Elle débuta par l’intervention    de l’Harmonie du Pays de Bitche. A la grande surprise de tous,   William, en tenue écossaise est intervenu avec son biniou. Puis le Choeur des combattants  a interprété  plusieurs chants  patriotiques. Après les mots de bienvenue de Gérard Humbert, maire de Bitche, ce fut Joël Beck, président de la SHAL qui géra    les différentes interventions. Martine Philippe était l’interprète  des  Gi’s et Roland Mazacz des prisonniers allemands. 


 Les témoins sont assis au premier  rang

Lise Pomois   interrogea les cinq vétérans US.   Tous reconnurent  que « les combats ont monté en intensité  à la frontière allemande, car les Allemands voulaient à tout prix défendre l’entrée des troupes US en Allemagne. La plupart des GI’S n’avaient pas de contact, avec la population, ils ne connaissaient pas la situation de la Moselle.» 
Pour se faire comprendre, Joseph Sprunck précisa: « A  Sarreguemines le maire André Rausch et le commandant américain se sont parlés en latin, à Meisenthal, les filles du maire Antoine Mass ont été les interprètes, à Manhoué, ce sont les travailleurs polonais qui se sont expliqués avec un Gi’s d’origine polonaise. De plus les Américains avaient un carnet avec des traductions de phrases courantes."   

Les sauveurs américains

Joseph Sprunck, qui a personnellement vécu la guerre rappela brièvement : «Tout le monde attendait la libération,   et   surtout ceux qui ont été expulsés dans le Saulnois,  dans les Sudètes, mais aussi les malgré-nous, les déportés et les prisonniers. Pour tous,   les Américains étaient nos   sauveurs. Nous pouvons les  remercier vivement». Puis il posa des questions aux différents témoins. Le public avait également la possibilité d’en poser.

André Neiter, 85 ans de Lemberg témoigne de la vie des habitants lors de la libération de Lemberg

André Neiter, évoqua la venue des Gi’s à Lemberg et la vie  de la population dans les caves. « Quand les premiers Américains sont entrés dans notre cave, nous leur avons de suite proposé du Schnaps, afin qu’ils soient moins menaçants.  Ceux qui ne respectaient pas le couvre-feu étaient envoyés dans le camp de prisonniers allemands à Marseille. Pendant les bombardements, on n’arrêtait pas de prier le chapelet ». 

Humiliation des malgré-nous

Sylvain Lohmann évoqua la libération, l’évacuation et le sort des réfractaires: «Libéré le 14 décembre 1945 puis repris par les Allemands, Rimling est finalement libéré   le 15 février 1945, date à laquelle les Américains évacuent la population à Altviller  et Vibersviller. Je vivais chez mon oncle et ma tante qui avaient recueilli un prisonnier serbe. Je me souviens   très bien de cette bataille qui pour moi commença le 6 décembre, jour de la libération de Sarreguemines. 51 réfractaires cachés à Rimling ont vécu l’humiliation. Ceux qui avaient porté l’uniforme allemand ont été emprisonnés par les Américains avec les Allemands  et envoyés au camp de prisonniers de la Flèche le 14 décembre 1944. Ils ne seront libérés que le 24 mai 1945

Déminage de Bitche

 Alphonse Botzong de Bitche relata des anecdotes et  particulièrement   la reddition des soldats allemands réfugiés dans une cave, les manoeuvres de l’unique tank Panther allemand qui se cachait à la porte de Strasbourg, de l’avion de reconnaissance américain surnommé "Storch" par les Bitchois, et la trouvaille de caisses américaines au Collège Saint-Augustin par des adolescents.  
Fritz Benz et Herbert Schimm ont été faits prisonniers par les Français quand ils étaient sur le  chemin du retour. «Nous avions 17 ans. Nous n’avons jamais rencontré les Américains, car nous étions chargés de défendre les ponts. Nous avons été faits prisonniers par les Français, alors que nous étions  à 6 km de notre village. Après une longue marche, nous avons été emmenés à Metz puis envoyés à Bitche. Nous étions 120 prisonniers   à Bitche pour déminer. 14 sont morts et une cinquantaine ont été blessés. Le week-end nous avons travaillé chez l’habitant qui nous a bien accueillis. Nous avons été libérés en octobre 1946.»

Photos et texte de Joseph Antoine Sprunck