mercredi 27 avril 2016

Le message dominical



Comme pour le premier mai, beaucoup ne savent plus l’origine de cette fête, devenue un jour férié. De même aujourd’hui, c’est le 6ème dimanche de Pâques pour les chrétiens, mais beaucoup, même parmi les baptisés, ignorent ce qui est à l’origine de ces dimanches, appelés dimanches de Pâques. Ces deux fêtes reposent sur un enjeu humain qui doit servir le progrès et apporter une libération.
Dimanche dernier, Jésus liait l’avenir au verbe, AIMER : « Aimez-vous, comme je vous ai aimés. » Jésus insiste beaucoup sur ce verbe AIMER, parce que, c’est le fondement et la source de la PAIX. Aujourd’hui, par ce passage d’évangile, Jésus veut nous aider à faire un pas de plus, à ne pas nous contenter de la superficie de ces belles paroles.
Vous comprendrez, que dans le contexte actuel : après les différents attentats meurtriers, les exécutions d’otages et de chrétiens en Syrie et en Irak, la soif de domination, la haine de l’étranger qui se répand comme un tsunami, il m’est difficile de parler de paix. Par contre, il est urgent plus que jamais que les souhaits de paix deviennent des paroles qui créent la vie et non la mort, qui sèment la paix et non la guerre. Il faut être vrai avec soi, avec les autres et vrai avec Dieu, car se contenter des mots sans agir, c’est le trahir.
Un certain nombre de personnes rencontrées ces jours-ci, me parlent de PAIX, parce qu’elles se rendent bien compte qu’il faut mettre un terme à cette spirale de violence qui n’engendre que le mépris. Nous sommes tous conscients que la PAIX ne va pas de soi. Dites-moi, est-ce facile de faire la paix entre membres d’une même famille ? Est-ce facile de faire la paix entre collègues de travail… dans son quartier ? Pourtant, c’est bien là que nous pouvons avoir une influence bonne et salutaire. Prenons un exemple : de par notre éducation, nous souhaitons le « Bonjour » aux personnes rencontrées. Il importe que ça ne s’arrête pas à une formule de politesse, mais nous engage à tout faire pour que cette journée soit bonne pour chacun.
            Jésus, avant de connaître à son tour : raillerie, violence, torture, mort ….  nous livre dans son Testament, le « miracle » de l’Amour et la force de la Paix : « C’est ma PAIX que je vous donne…. ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne… ». Car la manière du monde est très souvent blessante et meurtrière. C’est la paix des militaires et le silence des cimetières. Que de morts, de souffrances, de libertés saccagées, soit disant, pour gagner la paix, et qui n’engendrent que haine et vengeance.
            La Paix du Christ, c’est d’un autre ordre, c’est la paix annoncée la nuit de Noël : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux… et Paix sur la terre aux Hommes que Dieu ne cesse d’aimer… » La Paix du Christ, la paix donnée à ses apôtres ressemble étrangement à un combat. En quoi fait-elle appel à un combat ? D’abord le Christ lui-même a dit : « Je ne suis pas venu apporter la paix sur la terre…. mais le glaive. »
Cette paix fait violence. Tout simplement parce qu’elle fait justice à tous les écrasés, aux sans voix et sans grade. Elle dégage le faible de son oppresseur. Elle libère le pécheur de son mal. Elle libère l’accablé de son poids de remords et d’échecs.
La Paix du Christ veut faire de tout homme des vainqueurs, des libérés, des hommes debout, heureux de vivre, en somme : des Vivants.
            Sans tarder, mettons-nous au service de la Paix annoncée par le Christ.
La mission de tout homme est de débusquer, de dénoncer le mal, au risque de se faire mal voir, au risque de sa vie. Là je pense au CCFD-Terre Solidaire qui depuis quelques années nous alerte sur les multiples évasions fiscales qui sont la cause principale de l’enrichissement des plus riches et l’appauvrissement des plus pauvres. Combien d’hommes sont  morts pour avoir osé un jour dire que la Paix du Christ est incompatible avec les injustices, les magouilles et le mépris de l’homme.
« La Paix que je vous donne » nous dit le Christ, c’est le patient travail contre les violences du monde, contre le mensonge, la haine, les rancœurs et tout esprit de domination.

Photos DR
Créer des occasions de paix, c’est créer des rencontres vraies.  A une époque où tant d'êtres sont déracinés, il est important de demeurer dans l'amour de quelqu'un pour affronter les difficultés de la vie. C'est grâce à toutes les affections qui nous aident, si souvent, à reprendre souffle. A la suite de Jésus, quand nous nous sentons seuls ou désemparés, nous pouvons toujours nous tourner vers Dieu car, quoi qu'il arrive, Dieu nous aime. Savoir cela et en vivre, doit nous rendre joyeux et peut nous émerveiller.

François, prêtre retraité