vendredi 27 mai 2016

Le message du Père François

 
En fêtant la Sainte Trinité dimanche dernier, l’Eglise a mis en valeur la relation qui unit le Père, son Fils Jésus et l’Esprit Saint. Dans le livre de la Genèse, il est dit que Dieu a créé l’Homme à son image. L’homme ne peut pas vivre en solitaire. Il a besoin des autres, comme les autres ont besoin de lui. C’est un être tourné vers l’avenir avec ses aspirations. Oui, l’homme est un être qui espère ! Plus que jamais, les hommes et les peuples espèrent au respect de leur personne, à leur appartenance ethnique et religieuse. Les peuples en guerre espèrent la paix. Les migrants enfermés dans des camps espèrent une vie plus digne. Ceux qui ont faim espèrent  le pain quotidien.  Ceux qui ont besoin des moyens de transports actuellement, espèrent des conclusions rapides, il en va de la survie d’une vie ensemble. Comme le malade espère guérir de sa maladie. L’étudiant espère réussir son examen. Le chômeur espère trouver du travail. Les parents espèrent le bonheur de leurs enfants… Tous nous espérons quelque chose.
L’homme est le seul être de la création ouvert sur l’Avenir. Il n’agit dans le présent que tourné vers le futur. Il est toujours invité à dépasser ses instincts.
Sans espoir, l’espèce humaine, après tant de siècles de guerres, de morts, d’échecs, de désillusions, de misères aurait-elle encore le courage de poursuivre son histoire ? L’espoir est si nécessaire à l’homme que sans lui la science ne progresserait plus, les couples cesseraient de faire des enfants, la vie s’arrêterait.
Merveilleux et étrange sentiment que cet espoir qui fait vivre l’homme ! Il jaillit du rire d’un enfant, d’un bourgeon au printemps, du chant du rossignol, d’un regard qui aime, d’un cœur qui s’ouvre, d’une poignée de main, d’un pardon 
offert !
Espérer, c’est croire à la vie !
Aujourd’hui, en fêtant le Corps et le Sang du Christ, nommée Fête Dieu, la multiplication des pains, que nous venons d’entendre, constitue un acte de rassemblement, de désir et d’espoir. La foule a confiance dans le Christ. Elle est comme attirée, subjuguée par des paroles qui redonnent un sens à la vie. L’épisode se passe au bord du lac de Tibériade, dans un endroit désert, et ce n’est pas anodin ! Ce pain donné par le Christ fait penser à la « manne » de l’Exode. Jésus est le nouveau Moïse, le nouveau libérateur, celui qui nous entraîne vers une terre de liberté.
Face à cette foule qui a faim, les apôtres ne voient pas d’autre solution que la solution individuelle : chacun se débrouille pour trouver un peu de nourriture : « Renvoie cette foule »… Jésus, au contraire, propose que l’on reste ensemble, qu’on trouve une solution collective… qu’on s’organise ! « Faites les asseoir par groupe de cinquante. »
L’espoir renaît chaque fois que les hommes s’organisent, qu’ils cherchent ensemble une solution, qu’ils  partagent le peu qu’ils ont, à l’image du garçon qui met en commun ses 5 pains et ses 2 poissons.
La messe, la communion, l’Eucharistie sont bien plus qu’une simple cérémonie religieuse ou une obligation dominicale. Il faut voir l’Eucharistie dans son rapport avec la vie des hommes. L’homme est un être de désir, il a besoin de grands espaces, il a soif d’aventure et de liberté. Or l’homme moderne donne plus l’impression d’un Homme qui étouffe. Il est programmé ! Il répète ! En somme, il ne sait plus d’où il vient. Il ne sait pas pourquoi il est né, ni ce qu’il deviendra après la mort, ni ce qu’il est.
Dans chaque Eucharistie, Jésus s’incarne à nouveau dans notre Histoire. Il vient continuer son combat pour la dignité de l’homme. Il veut continuer à guérir les infirmes. Il veut continuer à partager la nourriture aux affamés. Il apporte la paix à l’humanité. Pour ce faire, il a besoin et de ton cœur, de ton intelligence, de tes bras, de ta foi en l’Homme. L’espoir fera de toi, de nous des chercheurs, jamais satisfaits, jamais arrivés.
Pour comprendre ce que nous sommes en train de vivre dans cette Eucharistie, il faut avoir un espoir un peu fou, avoir le sens de l’aventure et de sortir de nos prisons dorées et modernes.
« Si tu crois en Moi, tu feras les œuvres que j’ai faites, tu en feras même de beaucoup plus grandes. » dit Jésus.

François, prêtre retraité