mercredi 25 janvier 2017

Le message du Père François

Évangile de Jésus Christ selon St Matthieu 5, 1–12

« En ce temps-là, voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui. Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. Il disait : « Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux. Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés. Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage. Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés. Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu. Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux. Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! »

Les textes de la Bible, que nous venons d’entendre, donnent des enseignements opposés aux courants, aux usages et aux lois d’efficacité, prônés pour réussir dans le monde économique et politique d’aujourd’hui. Jésus propose une ligne de conduite qui ne va pas dans le sens des habitudes de ses auditeurs. Cet enseignement ne figure pas non plus dans la formation de nos jeunes. Pourtant, les formateurs ont  le souci de bien les former et de les rendre capables de faire face à l’avenir.
On pourrait dire que les enseignements de la Bible sont d’une autre époque. C’est vrai, Sophonie a vécu au 6e siècle avant J-C, mais son époque fut particulièrement dramatique et présente de nombreuses analogies avec la nôtre : 
Photos DR
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déplacement des populations,  


migrations volontaires ou forcées, insécurité, désarroi devant l’abandon de toutes les “valeurs”, retour à la barbarie, arrogance des puissants, mépris des pauvres.  N’est-ce pas toujours vrai aujourd’hui? Les formes changent, mais l’humanité  est confrontée aux mêmes difficultés.
C’était également vrai au temps de l’apôtre Paul qui écrit aux chrétiens de Corinthe.   « Parmi vous, il n’y a pas de sages aux yeux des hommes, ni de gens puissants ou de haute naissance ». Paul les félicite parce que ce sont eux qui, les premiers ont accueilli la Bonne Nouvelle. En effet, ce sont eux qui avaient l’état d’esprit, les dispositions de pauvreté, d’humilité et d’émerveillement indispensables pour accueillir les béatitudes annoncées par Jésus-Christ. Quoi qu’on pense, c’est dans cette attitude-là que se trouve, aujourd’hui encore la véritable réussite, la vrai richesse, la plus belle noblesse. C’est tout cela qui fait la grandeur de l’Homme et qu’on méprise si facilement.
La vraie pauvreté et l’humilité qui en découlent, viennent d’un constat profond, à savoir que notre vie nous vient des autres. Et tout au long de notre existence, nous sommes dépendants de ceux qui nous entourent et solidaires les uns des autres. Seul, on n’est rien !
«Heureux les pauvres….les doux….les miséricordieux » Jésus annonce que Dieu cherche son peuple, ce “Petit Reste” dont parle Sophonie, là où il le trouve. Dieu est avec ceux qui ne trompent pas, ne trichent pas, qui ont un cœur de pauvre : accueillant à la bonté, à la beauté et à ce qui peut durer.
Essayons de relire ces Béatitudes avec le regard critique du croyant qui ne peut en aucun cas se désintéresser de ce qui se passe dans le monde d’aujourd’hui, car c’est  le berceau de sa foi
Rassurez-vous, Jésus n’a aucune vénération pour la pauvreté, la misère, la souffrance, l’injustice.  A tous ceux qui vivent la pauvreté au quotidien, qui ont faim et soif de justice, de dignité, de miséricorde, Jésus rappelle que toutes les personnes plongées dans les limites les plus difficiles de la vie humaine ont une réelle grandeur. A tous ceux-là, il dit : «Heureux…. bonheur à vous les pauvres de cœur ! ». Il insiste pour rappeler que ce sont eux les repères d’une bonne conduite, parce que leur cœur n’est pas encombré. Chez eux, il y a encore de la place pour l’accueil, la gratuité. « Heureux…Bonheur à vous » qui avez encore assez de sagesse pour apprécier que la vraie grandeur d'un homme n'est ni dans ses titres universitaires, ni dans sa fortune ou sa notoriété publique, mais dans la qualité de l'amour qu'il aura vécu et partagé. Pour le croyant, il n’y a pas d’autre absolu que Dieu qui est Amour.
Voilà la Bonne Nouvelle proclamée par Jésus. Un bonheur qui concerne tous les hommes et tout l'Homme, dans ses dimensions sociales, politiques et spirituelles.
Seul, l'Homme au cœur humble, purifié, libéré de l'orgueil, du désir de dominer, de s'approprier les êtres et les choses, peut travailler à une authentique libération de l'homme. Oui, dit Jésus, il faut se battre avec toutes nos capacités pour bâtir le bonheur de tous. Nous savons mieux aujourd'hui, qu'il ne suffit pas de bâtir une société techniquement avancée pour que l'Homme soit  heureux. En effet, pour que l’Homme soit heureux, il est nécessaire que chacun puisse apporter sa part !
Comment oserions-nous dire tranquillement: « Heureux…bonheur à vous les affamés », sans bouger le petit doigt ? Ensemble, au sein de nos engagements professionnels et d'organismes civiques et  humanitaires, nous pouvons beaucoup. Il importe  de susciter de vastes mouvements d’opinions, nationaux et internationaux qui réveillent la conscience humaine.
Les béatitudes proclamées par Jésus restent toujours au cœur de la vie humaine. Ce sont des trésors que chacun doit entretenir, développer et partager. Pour le croyant, ces béatitudes nous ouvrent la porte du bonheur. Et comme l’a dit Jésus : « Heureux …bonheur à vous »
François, prêtre retraité