vendredi 26 mai 2017

Le message du Père François

Évangile de Jésus Christ selon St Jean 17 1–11

« En ce temps-là, Jésus leva les yeux au ciel et dit : « Père, l’heure est venue. Glorifie ton Fils afin que le Fils te glorifie. Ainsi, comme tu lui as donné pouvoir sur tout être de chair, il donnera la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés. Or, la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ." « Moi, je t’ai glorifié sur la terre en accomplissant l’œuvre que tu m’avais donnée à faire. Et maintenant, glorifie-moi auprès de toi, Père, de la gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde existe. J’ai manifesté ton nom aux hommes que tu as pris dans le monde pour me les donner. Ils étaient à toi, tu me les as donnés, et ils ont gardé ta parole. Maintenant, ils ont reconnu que tout ce que tu m’as donné vient de toi, car je leur ai donné les paroles que tu m’avais données : ils les ont reçues, ils ont vraiment reconnu que je suis sorti de toi, et ils ont cru que tu m’as envoyé."
« Moi, je prie pour eux ; ce n’est pas pour le monde que je prie, mais pour ceux que tu m’as donnés, car ils sont à toi. Tout ce qui est à moi est à toi, et ce qui est à toi est à moi ; et je suis glorifié en eux. Désormais, je ne suis plus dans le monde ; eux, ils sont dans le monde, et moi, je viens vers toi. »
               
               
 A l’heure de sa passion, à l’heure le plus dramatique de sa vie, Jésus fait cette étonnante prière à son Père. Au moment où Jésus se donne comme pain de vie à ses apôtres, Judas va le vendre et Pierre le renier.
Cette prière que Jésus fait à son Père, est une confidence, un dialogue intime et unique qu’un Fils adresse à son Père. Il nous livre  là ce qu’il a de plus cher, c’est comme, son testament.
Le testament c’est ce qui reste après son départ. C’est ce qui compte pour Jésus, même plus que sa vie. Par son testament, il  nous invite à faire confiance à la vie, à croire en ses capacités et à donner le vrai sens de notre existence. Comme pour les disciples, tout cela est aussi pour nous source de paix et de joie profonde.  Les contrariétés de l’existence, la maladie, les accidents, l’angoisse et tout ce qui nous désole risquent de prendre le dessus de notre attention et nous écraser. Mais il y a quelque chose qui émerge au milieu de toutes ces difficultés : c’est l’humain qui permet aux Hommes de se respecter et de s’apprécier. Nous croyons en l’homme, en ses chances et ses possibilités cachées, même, et surtout lorsqu’il est fragile, démuni et faible. Ceux qui consacrent leur vie aux autres se donnent les moyens de connaître un idéal de fraternité qu’ils ne soupçonnaient pas. On entend régulièrement des gens qui disent ne plus croire en rien, ne plus croire en Dieu, ne plus croire en l’amour parce qu’il y a le mal dans le monde, parce qu’ils ont vu des personnes se déchirer et se détester. 
N’est-ce pas d’abord un CRI des hommes blessés, ou une attente qu’on espérait et qui a du mal à se manifester ou qu’on a du mal à reconnaître? Et pourtant, il y a en nous comme un amour qui avance, un amour plus fort que tout amour. Nous savons qu’il y a parmi nous des gens merveilleux qui font tout ce qui est en leur pouvoir, pour que les hommes soient plus  respectueux les uns envers les autres. Il y a aussi ceux qui croient en eux-mêmes, en leurs qualités, en leurs possibilités et en leurs talents, et ils ont raison, surtout s’ils croient aussi aux autres.
Il y a, hélas, des gens qui ont une vie difficile, qui ne s’acceptent pas et ne s’aiment pas eux-mêmes. Cultiver la confiance en soi comme un bien infiniment précieux, est la condition de la vraie joie, comme croire en Dieu est la source du seul bonheur possible. Car Dieu est bonheur. C’est sa raison d’être et d’exister.
Dans la foi, tout se tient. Croire en soi,  croire en l’homme, en  tout homme, croire en l’avenir, croire au progrès de l’humanité, croire en un Dieu omniprésent et invisible, tout cela est en nous source de confiance en l’avenir. Si un seul de ces éléments vient à manquer, tout s’écroule. Il y a en eux comme un devoir d’espérance.  Il y a dans la foi une intensité de vie, un optimisme, une démesure qui ne peuvent se comparer aux petites joies toujours menacées, suspendues au bord du vide. « Père, donne –moi la gloire, vient de dire Jésus. Cela revient à dire : donne –moi la joie de croire ! Pourquoi dit-il cela ? Parce qu’il connaît, lui aussi, une passe difficile qui ressemble à une impasse. Au moment, où Jésus parle, il se sait condamné. Au plus profond de sa détresse, Jésus s’accroche à une bouée de sauvetage, qui n’est autre qu’un Dieu Père. Dans sa prière toute simple,  il puise la force d’espérer encore et de penser aux autres. De penser à nous. N’est-ce pas cela l’Amour de Dieu ?
Comme les disciples du Christ, nous sommes également invités à nous retrouver, à nous serrer les coudes et partager nos questions et nos découvertes pour faire place à l’Esprit Saint. Dans la mesure où nous sommes capables de tenir ensemble, l’Esprit de Dieu y met sa lumière et sa force. La joie de Dieu, c’est de croire en nous. Et notre joie, c’est celle de croire que tout est possible avec son Esprit. Il y a comme un bonheur inespéré, d’imaginer que tout reste possible. Déjà nous sommes habités par le souffle de l’Esprit de Pentecôte qui nous aide à repérer les beaux côtés de notre existence.
François, prêtre retraité