samedi 21 octobre 2017

Le message du Père François

Évangile de Jésus-Christ selon St Matthieu 22 15–21

« En ce temps-là, les pharisiens allèrent tenir conseil pour prendre Jésus au piège en le faisant parler. Ils lui envoient leurs dis­ciples, accompagnés des partisans d’Hérode : « Maître, lui disent-ils, nous le savons : tu es toujours vrai et tu enseignes le chemin de Dieu en vérité ; tu ne te laisses influencer par personne, car ce n’est pas selon l’apparence que tu considères les gens. Alors, donne-nous ton avis : Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à César, l’empereur ? » Connaissant leur perversité, Jésus dit : « Hypocrites ! pourquoi voulez-vous me mettre à l’épreuve ? Montrez-moi la monnaie de l’impôt. » Ils lui présentèrent une pièce d’un denier. Il leur dit : « Cette effigie et cette inscription, de qui sont-elles ? » Ils répondirent : « De César. » Alors il leur dit : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. »

Que de flatteries à l’égard de Jésus, pour mieux le piéger. Cependant, la question posée par les pharisiens dans l’évangile, doit nous interpeller sur nos façons de nous situer par rapport à l’argent. Jésus nous alerte sur un danger qui traverse notre existence. Il met en scène un type d’hommes particulièrement dangereux. Dans toutes les organisations, dans toutes les sociétés, dans toutes les religions, ces Hommes sont capables d’aller  jusqu’à l’élimination de leurs opposants. Par-là, ces dignitaires donnent la plus mauvaise image possible de Dieu à l’égard de l’Homme. Comme si Dieu voulait la mort de l’Homme qu’il a créé. L’actualité nous donne de multiples drames liés à cette façon de penser et d’agir : en Espagne, la région de la Catalogne ne veut pas payer pour les autres qui sont plus pauvres. Il en va de même pour l’Alsace qui ne veut pas partager son sort avec des régions moins riches. Une autre illustration avec le Brexit. L’Angleterre veut le maximum d’aide de l’Europe, mais refuse de payer les  factures qui lui reviennent. Cette énumération est certainement rapide, mais il importe de cibler ce qui fait obstacle à la vie ensemble.. Pour être encore plus précis, aujourd’hui en France, le nouveau gouvernement fait tout pour  grignoter le maximum chez les pauvres, les étudiants, les retraités, tout en laissant la plus grande  liberté aux masses d’argent qui se réfugient dans les paradis fiscaux.  
       Ces façons d’agir révèlent une bien triste mentalité qui est incapable de régler les problèmes les plus importants : permettre à chacun de  vivre dignement dans le respect. Et pourtant, la politique la plus noble doit se mettre au service de la vie ensemble où chacun est respecté. On nous serine ces belles phrases, sans rien changer
En ce dimanche qui termine la semaine missionnaire mondiale, l’Eglise nous rappelle que Dieu a besoin de nous pour travailler au cœur de ce monde, pour faire place à un règne de Justice et de Paix.
            Si les pharisiens organisent l’élimination de Jésus, c’est qu’ils sont inquiets de la liberté affichée par Jésus vis-à-vis des pécheurs, des publicains, des femmes, des étrangers. Par contre, la foule qui suit Jésus, trouve en lui une grande espérance. C’est ce qui gêne les autorités, ceux qui ont le pouvoir. Plutôt que d’essayer de comprendre ce qui anime Jésus, ils optent pour l’éliminer : « Il vaut mieux qu’un seul meurt ». 
          Dans ce passage d’évangile, Jésus met en lumière l’hypocrisie, la mauvaise foi, les apparences qu’il faut sauver à tout prix : chose dont il a horreur ! En effet, on ne peut rien construire de valable et de durable sur la fausseté, le mensonge, la combine.
          Les paroles flatteuses des pharisiens qui amplifient la tromperie : « Tu enseignes le vrai chemin vers Dieu, tu ne te laisses influencer par personne », se présentent comme du miel, mais c’est un miel empoisonné. Aujourd’hui, derrière des blagues, des histoires, des messages informatiques qui se voudraient humoristiques pour se détendre, n’y a-t-il pas aussi des comptes qui se règlent. L’humour peut se transformer en règlement de compte et en haine. Ça peut aller jusqu’au massacre.
Les pharisiens questionnent Jésus sur l’impôt dû à César. Mais Lui ne se laisse pas embobiner, il les prend à leur propre jeu : « montrez-moi la monnaie de l’impôt ». Cette monnaie, ils l’ont sur eux. Ils savent s’en servir. On sait par ailleurs, que beaucoup d’entre eux  l’aiment ! Là ils sont en pleine contradiction, sans s’en rendre compte : ils  se servent de leurs propres usages pour le faire condamner.  Si Jésus dit qu’il faut payer l’impôt à César, il sera méprisé par les Juifs. S’il s’oppose au paiement de l’impôt, il sera exécuté par les Romains.
Ce jour-là, leur malveillance n’aboutit pas. Mais ils réussiront plus tard, à faire passer Jésus pour un ennemi de César et à le faire crucifier comme un révolutionnaire.
Jésus reste libre et ne se laisse pas enfermer dans ce jeu malsain, il rappelle les points forts pour tout être humain : « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. » Par cette parole, chacun est invité aujourd’hui, comme hier, à faire la vérité sur son propre comportement et sur ses vraies motivations. Les chrétiens ont comme premier devoir, de tout mettre en œuvre, pour faire apparaître  la vérité et l’honnêteté. La crédibilité du chrétien ne peut accepter la tromperie et les magouilles. « Que votre oui soit oui, et votre non, soit non ! » (St Mat 5 )
Chrétiens, Jésus nous a révélé notre beau visage d’enfant bien-aimé du Père. C’est ce visage que nous avons la responsabilité de présenter en vérité à tous les hommes. La loi civile exige le respect de tous les hommes, et la loi du Christ  nous engage à aimer tous les hommes. La loi du Christ est à mettre en œuvre dans les lois humaines.
François, prêtre retraité