mercredi 22 novembre 2017

Le message du Père François

Évangile  de Jésus Christ selon St Matthieu 25 31–46

« En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire. Toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des boucs : il pla­cera les brebis à sa droite, et les boucs à gauche.
« Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : “Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !” Alors les justes lui répon­dront : “Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu… ? tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ? tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ? tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli ? tu étais nu, et nous t’avons habillé ? tu étais malade ou en prison… Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ?” Et le Roi leur répon­dra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.”
« Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche : “Allez-vous-en loin de moi, vous les maudits, dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges. Car j’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’avais soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ; j’étais un étranger, et vous ne m’avez pas accueilli ; j’étais nu, et vous ne m’avez pas habillé ; j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité.” Alors ils répondront, eux aussi : “Seigneur, quand t’avons-nous vu avoir faim, avoir soif, être nu, étranger, malade ou en prison, sans nous mettre à ton service ?” Il leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait.”
« Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle. »

Que d’étonnements, que de surprises pour tous ceux qui entendent la parabole du jugement dernier. Tout le monde est concerné : ceux qui ont fait le bien comme ceux qui ont fait le mal. Ceux qui ont connu Jésus comme ceux qui n’ont jamais entendu parler de Lui. « Mais Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu ? Tu étais donc un étranger, tu étais seul, malade et nous sommes venus à ta rencontre ? » Personne ne se souvient! Aucun ne pensait rencontrer le Christ de cette manière et à cet endroit bien précis du rendez-vous. C’est vrai, j’ai rencontré des gens fatigués, désespérés, malades, emprisonnés. C’est vrai que j’ai soutenu des gens en souffrances. Mais à aucun moment je n’ai pensé rencontrer Jésus dans ces personnes. Je dois également reconnaître que j’ai évité certaines personnes que je n’ai pas appréciées. Bien souvent, je me suis laissé emporter par l’instinct, l’immédiat, sans réfléchir et sans faire référence à la Bonne Nouvelle.
Le jour de la révision des comptes, à la des temps, Jésus peut nous surprendre. En effet, c’est vraiment étonnant, la stupéfaction générale. « Seigneur, nous te cherchions dans l’Eglise, dans le temple, dans la mosquée, dans la prière, les sacrements, dans l’Ecriture Sainte, mais tu n’en parles pas dans la parabole. On ne s’y retrouve plus. Tu nous renvoies à la vie du monde, aux événements de l’actualité, au sort de nos frères, alors que nous étions en train de contempler les étoiles du ciel. Cet évangile du jugement dernier nous prend, une fois de plus, à contre-pied et nous déstabilise! »

En méditant cette parabole, nous voyons que Jésus donne des points de repères : 
1° Croire, c’est chercher à repérer Dieu dans les réalités vécues aujourd’hui. 
Ce monde n’est pas étranger à Dieu. Il n’est pas mauvais, ni perdu, il en est le Créateur ! Or il faut le reconnaître, nous avons du mal à déceler, à  mettre en valeur ce qui est porteur de vie et d’avenir dans ce qui nous entoure. Bien sûr que violence, insécurité, crise, tout cela existe, mais nous risquons encore d’en rajouter, tout en accusant Dieu. Nous sommes marqués par  notre histoire, par les habitudes de notre monde. Il faut reconnaître que la violence de la société et ma violence intérieure se conjuguent, s’ajoutent, et vont finir par se renforcer. C’est ce mélange des deux qui nous paralyse et nous fait croire que rien de bien n’est possible. De ce fait, il est facile de conclure que l’on ne peut rien changer, et que nous serions condamnés à subir. Mais pourtant, cet évangile que nous venons d’entendre, nous donne aussi la clé du bonheur ou comme dit le Pape : « La joie de l’Evangile » C’est au cœur de chacun que naissent et grandissent la bonté, la miséricorde, le soutien au plus faible.
Puissions-nous porter  un regard franchement optimiste et bon sur la vie actuelle, puisque le Christ est présent dans celui qui a faim, qui a soif, qui est un étranger, qui est malade ou en prison. C’est l’appel au dépassement à faire tous les jours. C’est ce que le Pape François a voulu mettre en valeur dimanche dernier en accueillant 4 000 personnes en difficultés pour ce 1er dimanche de la pauvreté. En effet, chacun est capable  d’entendre et de prendre soin de ceux qui poussent des cris  de souffrance. C’est le contraire de l’abandon et du désespoir. 

2° Croire, c’est s’investir pour ce qu’on espère. N’est-ce pas le Royaume que Jésus nous annonce ?
En effet, rien n’est pire que la solitude. C’est aussi une leçon de l’Evangile de ce jour. La solitude, c’est la maladie moderne et en particulier sa forme la plus noire qui est la dépression. Il n’y a rien de plus enchaînant que le repli sur soi, par lassitude ou par déception des autres.
Croire, c’est se lier et se relier à une famille, à des camarades de travail, à une équipe, à une association, à des amis proches ou lointains, c’est créer des communautés.
Il n’y a pas de vie qui ne soit enracinée, incarnée, reliée. Chacun peut voir dans les maisons de retraite des personnes âgées dépérir, parce que le système actuel, la mentalité moderne, les a coupés des relations chèrement acquises, de la visite des petits enfants ou d’un environnement familier. Il en va de même dans nos quartiers où des personnes âgées vivent une très grande solitude.
La mission de l’Eglise aujourd’hui, c’est de créer des liens, de rapprocher les gens, de combattre partout la solitude, d’ouvrir le cœur de chacun à la présence de l’autre.
« J’étais étranger, malade, en prison, j’étais seul, et tu m’as rendu visite, tu es venu vers moi! » Le Christ nous laisse cette belle responsabilité de créer des liens: c’est un acte éminemment humain mais aussi profondément chrétien. L’invitation de l’Evangile de ce jour remet les pendules à l’heure : le Royaume de Dieu est au milieu de notre existence avec les autres. Les lieux de prière, de célébration, de rassemblement ne sont que des occasions de s’interroger, de réfléchir et de célébrer Dieu présent à l’actualité de nos vies. 
Dans cet esprit, la messe dominicale a toute son importance pour nous aider à mieux croire et à mieux vivre.
« Seigneur, quand t’avons-nous vu : étranger, malade, seul sans te secourir? » Les occasions sont multiples pour s’investir et mieux reconnaître le Christ présent  dans nos vies.

François, prêtre retraité