jeudi 24 mai 2018

Le message du Père François

Évangile de Jésus-Christ selon St Matthieu (28, 16-20)
« En ce temps-là, les onze disciples s’en allèrent en Galilée, à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre. Quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais certains eurent des doutes. Jésus s’approcha d’eux et leur adressa ces paroles : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »
Lorsque nous voulons exprimer la densité d’une expérience, d’un amour, d’une rencontre, il est difficile de trouver les mots pour bien se faire comprendre. Parfois, la poésie, une parabole, la musique, la peinture, l’art en général peuvent prendre le relais de nos limites de langage.
L’expérience chrétienne se heurte à la même difficulté, lorsqu’il s’agit de rendre compte de sa foi, de son Dieu. Le langage ne suffit pas. Aujourd’hui, après les fêtes de l’Ascension et de la Pentecôte, l’Eglise nous propose de fêter la Sainte Trinité. Il s’agit de la vie relationnelle en Dieu : Père, Fils et Esprit Saint. Même s’il est impossible d’expliquer toutes les qualités de Dieu, cette fête nous permet de l’approcher, à partir de notre expérience humaine. Pour chaque personne, il n’y a rien de plus parlant que d’utiliser sa propre expérience.
Ce dimanche, on fête aussi les mamans. Il ne s’agit pas de décrire tout ce qu’elles font pour leurs enfants, ni ce que font les enfants pour les en remercier. C’est un moment fort, qui souligne la tendresse, le respect, la joie d’être ensemble. Il s’agit de souligner le cadeau de la vie, qui est d’aimer et d’être aimé ! La fête des mères met en valeur, une facette qui nous paraît banale, mais essentielle dans l’histoire de chacun. Elle peut être un aspect qui nous aide à comprendre ce lien particulier de vie relationnelle entre le Père, le Fils et l’Esprit Saint. Ainsi, lorsque nous célébrons la tendresse entre mamans et enfants, ce vécu nous aide à mieux comprendre la tendresse entre Dieu et les Hommes. Un chrétien ne peut pas parler de Dieu, sans parler de Jésus, car Jésus a partagé les conditions de vie, de connaissance, d’apprentissage comme chaque être humain. C’est donc par lui, que nous pouvons accéder à l’amour de Dieu. Mais le Père et l’Esprit sont tout autant important que Jésus, même si on se sent démuni pour en parler. A l’image d’une maman qui nous fait entrer dans une famille, Jésus nous fait entrer dans l’amour du Père et de l’Esprit.
C’est pour cela, que Jésus parle toujours de la vie concrète des gens de son temps, et ce qui le caractérise, c’est la clarté de son discours. Avec lui tout le monde comprend. Ce qu’il dit est transparent et compréhensible. Malheureusement aujourd’hui, le langage des spécialistes, empêche trop le croyant tout venant de comprendre et de penser par lui-même. Beaucoup d’entre nous en sont restés à la foi de leur enfance, qui n’est que la base. Aujourd’hui, nous avons à intégrer la Bonne Nouvelle de l’Evangile dans le vécu de notre histoire qui, elle, est en transformation permanente.
Quand l’Eglise utilise le mot « mystère », elle veut mettre en valeur le dogme révélé, qui dépasse nos capacités de raison. Mais ça ne veut pas dire qu’on ne peut rien comprendre. Au contraire, le mystère est tellement riche, qu’on n’aura jamais fini d’en saisir toutes les merveilles qu’il peut mettre en valeur. Et c’est en cela que Jésus est le chemin de la connaissance de la Trinité, parce qu’il parle du Père et de l’Esprit. Il révèle l’Incarnation, car en lui Dieu c’est fait chair. Ce que nous pouvons comprendre du mystère de la Rédemption, c’est que personne n’est exclu de l’amour de Dieu. Jésus propose le salut, c’est-à-dire la chance de vivre pour toujours dans l’amour de Dieu.
La fête de la Trinité nous invite à ne pas mettre en sommeil notre intelligence et notre compréhension. Nous sommes tous capables de trouver des mots qui expriment une parole de foi pour notre époque. Aux jeunes commerciaux, on demande de « bien se vendre ». Nous n’avons rien à vendre, mais à proposer une Parole, une Vérité, un Chemin, un Amour : celui du Dieu de Jésus-Christ. C’est cet Esprit qui vient du Père et du Fils qui doit aussi nous stimuler à prendre nos responsabilités dans la vie sociale, comme une maman le fait pour sa famille.
Dans toutes les situations dramatiques de notre temps, saurons-nous faire place à l’Esprit Saint qui ne veut pas nous rassurer sur les malheurs de tant de gens ? Il nous alerte, non pour nous culpabiliser, mais pour être plus fraternels et respectueux de la vie des personnes. Le monde actuel et l’Eglise ont besoin de chacun, pour relever les défis de notre époque.
Dieu nous invite à y répondre, pour que tous ceux, qui le peuvent, aient envie de chercher, de se mettre en route vers le service de leurs frères les hommes et par le fait même, vers le Dieu trinitaire. Pour nous, il est source de vie et d’amour, depuis notre baptême.
Bonne fête à toutes les mamans !

François, prêtre retraité